Alexandra Tobelaim
Alexandra Tobelaim a le goût des mots. Ceux qui concourent à la poétique du monde. Textes classiques ou contemporains, écritures dramatiques ou oeuvres littéraires qu’il se donne en salle ou dans l’espace public, son travail poursuit un seul but naïf : convaincre les gens que le théâtre contemporain c’est bien. Comédienne formée à l’École Régionale d’Acteurs de Cannes, Alexandra Tobelaim s’oriente très vite vers la mise en scène en fondant sa propre compagnie « Tandaim » en 1998. Elle met en scène plusieurs spectacles comme Italie-Brésil 3à2 (2012), puis In-Two (2017) et Face à la mère (2018) qui sont actuellement en tournée. C’est en étroite relation avec le scénographe Olivier Thomas qu’elle imagine ses premiers spectacles, où l’espace est aussi important que les mots qui s’y déploient. Au fil des années se constitue autour d’eux une « famille » de théâtre, un noyau de fidèles acteurs et collaborateurs. Car Alexandra Tobelaim cultive l’esprit de troupe, celui qui permet à chacun d’apporter sa contribution au projet, de le questionner pour mieux lui permettre de s’affirmer. La ligne est claire : faire parler l’assise théâtrale qu’est le texte en jouant de l’ensemble des langages scéniques.
En amoureuse des mots, Alexandra Tobelaim aime à faire récit. C’est au plus près du « souffle » de l’auteur qu’elle façonne, détail après détail, son théâtre d’histoires. Dans une proximité qui nait notamment des commandes qu’elle passe régulièrement à des auteurs vivants. S’immerger dans la langue pour mieux la traduire, voilà comment pourrait se définir sa démarche. Elle rapproche d’ailleurs volontiers le travail de mise en scène et celui de traduction. Transposer en images et en émotions, mettre à vif les acteurs pour qu’ils trouvent l’endroit juste de leur jeu. Traduire sans trahir, dans une langue de plateau contemporaine, capable de toucher les individus du 21e siècle que nous sommes. Car si Alexandra Tobelaim a le goût des mots, elle a aussi le goût des autres. Persuadée que le théâtre nous concerne tous et qu’il peut s’adresser à chacun, elle conçoit ses pièces avec une conscience aigüe du spectateur et multiplie les possibilités de rencontre en créant également pour l’espace public. Une scène ouverte au partage. À l’image de son théâtre.
Elle est nommée à la direction du NEST-CDN tranfrontalier de Thionville-Grand Est en 2020. A l’image de ses créations, son projet pour le CDN mobilise les artistes et les artisans d’un théâtre vivant, déclinant les propositions dans les murs du théâtre et en dehors, cherchant les opportunités de rencontres avec les habitants du territoire, au coin de la rue, dans les médiathèques, les jardins… partout où le théâtre peut se faire et surprendre. Dans le cadre d’Esch 2022 Capitale Européenne de la Culture, elle travaille actuellement sur le projet EKINOX, projet collaboratif entre 5 équipes artistiques et une anthropologue, qui transformera les villes de Rumelange et Aumetz de part et d’autre de la frontière luxembourgeoise en théâtres à ciel ouvert.
Crédit photo : Raoul Gilibert